🎶 Beginner’s mind Ananda Vaughan et Shannon Ayden 🎶
Lundi, couvertures dans le vent sur petite voiture jaune traverse le pays dans l’autre sens, fait trop chaud, les chats miaulent — arriver juste à l’heure pour brandir le poing, et il faudrait écrire sur ces sanglots-là, au bord des lèvres sèches, coincés dans la fange de l’intérieur de la paroi de moi, ces sanglots de foule, de masse, d’espérance Mais manger à volonté et se remplir le ventre pour oublier les ventres vides (est-ce que ça compte ?) Fous rires bleus main dans la main C’est l’heure dorée (on a même pas déchargé la voiture)
Mardi, la journée comme une ligne et au bout de cette ligne elle me dit “Tu fais beaucoup déjà c’est suffisant” et à chaque fois c’est comme la foule c’est comme les drapeaux comme les espérances vaines Les larmes montent, une voix hurle, le ciel est regardé (pour ne pas pleurer) Mais dans la voiture soudain comme une urgence : existe-t-il un mot pour dire “tendre la main” ?
Mercredi, ma dame du printemps continue son récit, entre les paragraphes elle répète “Et en plus c’est vrai” en riant, comme si elle s’étonnait de sa propre vérité, comme s’il fallait finir d’approuver les souvenirs quand ils sortent qu’on les pose sur la table Dans le soir je garde les enfants, il me raconte ses tours de magie et moi je grappille de la poésie, m’assois dans le jardin, regarde les hortensias, oublie les ambulances, les bus, les lois Il n’y a que les brins d’herbe et le noisetier qui danse qui ont de l’importance (je mets de la vergeoise dans mon yaourt)
Jeudi, je prends qu’une barquette de framboise au marché Mais on les dévore toutes si vite Dévore tout Dévore toutes C’est parce que le jus est sucré et les pépins n’agacent pas trop Cette année j’apprends à aimer les fraises et les framboises C’est quelque chose qu’il faudrait archiver Le petit monstre, le petit monstre Manger pour les autres est-ce que ça compte ?
Vendredi, elle s’est faite tirée dessus pour de la farine et moi je suis pieds nus sur le parquet du café-asso, je tourne avec ma jupe fleurie, regarde l’homme tatoué avec ses fleurs dans les cheveux, sa harpe et sa flûte et au-dessus du velux un peu sale, encore le même morceau de ciel alors l’eau, l’eau, la noyade organisée, l’eau, l’eau, je voudrais me fondre dans l’eau (du ciel)
Samedi, les haricots tu les mets à bouillir simplement, les carottes mets ta main ici et tire, regarde pour les reconnaître, les fanes sont aérées comme des petits pinceaux à guillis jolis, tire, tire sur la fraise et croque, croque dans le jus Un tour de potager et on y va, autour de la table, témoigner des visages qui se reconnaissent des paroles qui s’embrassent, vous faites vos listes et moi : tranche, rive, ventre, lien, souffle, cœur fou (avalé !) Je suis encore pieds nus, on m’offre quelque chose — Je suis à ma place
Dimanche, je tourne un peu dans le vif du sujet Une histoire de repos non assumé, de temps que ça prend de se jeter dans le vide, dans l’espace, dans la disponibilité J’irai écrire dans les dunes J’irai écrire au bout du Nord comme dans l’histoire cornée de mon enfance J’irai écrire et me donner le vertige du Y a plus le choix, y a plus le choix (est-ce que tendre la main / faire jaillir, ça ferait quelque chose de bien ensemble, au final ?) Dans le soir trinquer et inventer les vies des musiciens, s’offrir un burger côté belge, prendre le temps de caresser les ânes dans le couchant — Tant qu’il est encore temps
C'est si doux-amer de te lire, j'aime l'ambiance dans laquelle tu nous plonges 💚